En France, l’union conjugale n’échappe pas à la règle : près d’un mariage sur deux se solde par un divorce, et ce sont majoritairement les épouses qui tirent le rideau sur leur vie à deux, dans plus de 70 % des cas. Derrière ce constat se cachent des motifs variés : infidélité, surcharge émotionnelle, inégalités domestiques, manque de reconnaissance… Pourtant, malgré cette propension à engager la procédure, nombre de femmes hésitent à franchir le pas. Et cette hésitation porte presque toujours un nom : l’enjeu financier.
Quand l’argent dicte le rythme de la séparation
Une enquête Flashs pour Eve & Co révèle que près d’une femme sur quatre renonce ou tergiverse à l’idée de divorcer. Et ce à cause de l’impact de cette décision sur leur porte‑monnaie. Et ce n’est pas un hasard : à la sortie d’une union, les femmes perdent beaucoup plus de pouvoir d’achat que leurs ex‑époux. Selon l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes, 20 % d’entre elles glissent sous le seuil de pauvreté après la séparation, contre seulement 8 % des hommes. Leur niveau de vie recule alors de 22 %, quand les hommes ne connaissent qu’une baisse de 3 %.
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Un déséquilibre inscrit dans les chiffres du divorce
L’Insee confirme ce déséquilibre : la première année suivant la rupture, les femmes voient leur niveau de vie chuter de 20 %, contre 7 % pour les hommes. Cette différence s’explique en grande partie par la répartition des rôles financiers dans le couple : dans 75 % des cas, le revenu de la femme est inférieur à celui de son compagnon.
Par ailleurs, c’est souvent elle qui assume la gestion quotidienne du foyer : courses, rendez‑vous médicaux, démarches administratives… Alors que lui profite de cette latitude pour investir dans des projets à plus long terme. Ce partage inégal des tâches et des ressources engendre un véritable gouffre économique lorsque le couple se sépare.
D’autres freins pèsent sur le recours au divorce
Mais l’argent n’est pas le seul verrou. L’enquête souligne que 34 % des femmes s’accrochent à leur mariage par habitude ou confort ; 11 % avouent craindre la réaction de leur époux. Et 30 % reconnaissent que l’affection a remplacé l’amour.
Enfin, un quart confesse que le sentiment amoureux s’est tout simplement éteint. Autant de raisons psychologiques ou émotionnelles qui complexifient le divorce et retiennent parfois l’épouse dans une relation devenue insatisfaisante.
Les hommes face au divorce : une dépendance insoupçonnée
Du côté des hommes, la proportion qui hésite est plus faible, mais non négligeable. Le psychologue Mark Travers explique dans Psychology Today que « la dépendance des hommes au mariage est souvent si ancrée qu’ils résistent à en sortir, même lorsque l’harmonie a disparu ». Cette peur de la solitude ou de ne pas savoir exprimer leurs besoins les conduit parfois à rester, malgré un profond mal-être.
Ils redoutent l’inconnu : la maison vide, le vide affectif, les répercussions sociales. Leur attachement à l’institution du mariage peut les immobiliser, au point qu’ils préfèrent conserver un couple bancal plutôt que de se lancer seuls dans l’inconfort de la séparation.
Vers une autonomie économique indispensable
Alors, comment sortir de ce cercle ? Pour beaucoup de spécialistes, la clé réside dans l’indépendance financière. Encourager les femmes à diversifier leurs sources de revenus, à se constituer une épargne, voire à investir dans leur avenir professionnel, peut réduire l’appréhension liée à la rupture.
Côté politique publique, plusieurs voix s’élèvent pour renforcer les droits économiques des épouses : allocation compensatoire plus équitable, accès à la formation ou renforcement des dispositifs de partage des biens.
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Un choix difficile, mais libérateur
Bien sûr, le divorce n’est jamais un acte anodin : il touche au cœur de l’intime, bouleverse les habitudes et redessine le quotidien. Pourtant, il peut aussi être un puissant moteur de renouveau. Lorsque la décision est mûrement pesée, elle offre la chance de repartir sur de nouvelles bases, débarrassées des frustrations et des déséquilibres d’hier. À condition, bien sûr, de construire d’abord son autonomie (y compris financière) pour que la liberté obtenue ne devienne pas la source d’une nouvelle forme de dépendance.
En définitive, si les femmes franchissent massivement le pas du divorce, c’est qu’elles aspirent à une vie plus en phase avec leurs besoins et leurs valeurs. Reste à lever les freins, économiques et psychologiques, pour que cette transition se fasse sans déséquilibre excessif. Car derrière chaque dossier de divorce, il y a une femme en quête d’elle‑même — et, souvent, un avenir à réinventer.