On pense souvent au burn-out professionnel, mais un autre type d’épuisement gagne du terrain : le burn-out relationnel. Et selon plusieurs psychologues, il peut être tout aussi destructeur. Lorsqu’une relation — amicale, amoureuse ou familiale — devient une source chronique d’épuisement, c’est que notre santé mentale tire la sonnette d’alarme. Voici ce qu’en disent les experts.
Un épuisement invisible, mais réel
Le burn-out relationnel n’est pas encore un diagnostic officiel dans les manuels médicaux, mais il est bien reconnu dans la pratique clinique. Saverio Tomasella, psychanalyste et auteur de nombreux ouvrages sur l’hypersensibilité, évoque régulièrement la fatigue extrême ressentie dans certaines relations : « Ce ne sont pas les conflits ouverts qui épuisent le plus, mais les relations ambivalentes, où l’on donne beaucoup sans retour, ou dans lesquelles on doit toujours s’adapter à l’autre. »
Dans ces situations, l’individu est constamment en alerte émotionnelle, dans une forme de vigilance chronique. Cela finit par créer une surcharge mentale comparable à celle du burn-out professionnel : fatigue, irritabilité, repli sur soi, troubles du sommeil, voire perte de sens.
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Quand l’attachement devient toxique
Pour les psys, le burn-out relationnel est souvent lié à des schémas d’attachement anxieux. Ces schémas se construisent dans l’enfance et nous poussent, à l’âge adulte, à rechercher des relations qui nous rassurent… même si elles sont instables ou déséquilibrées. On supporte alors des dynamiques où l’on donne tout, dans l’espoir d’être aimé ou reconnu.
Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, souligne que « les liens affectifs peuvent être à la fois les plus protecteurs et les plus délétères », selon leur nature. Lorsqu’une relation demande en permanence de se justifier, de réparer, de consoler, de supporter l’inconstance de l’autre ou sa colère chronique, le système nerveux finit par s’épuiser.
Le faux self : une stratégie coûteuse
Un autre phénomène souvent cité est celui du faux self, concept développé par le psychanalyste Donald Winnicott. Il s’agit d’une façade que l’on adopte pour correspondre aux attentes des autres, au détriment de ses besoins authentiques. Dans le cadre d’une relation, cela peut signifier sourire quand on souffre, dire oui quand on pense non, s’effacer pour maintenir la paix… jusqu’à l’implosion.
Isabelle Filliozat, psychothérapeute, explique que ce type de fonctionnement « use lentement mais sûrement », car il empêche toute régénération émotionnelle. La personne finit par se sentir étrangère à elle-même, vidée de ses ressources, incapable de poser ses limites sans culpabilité.
Les signaux à ne pas ignorer
Le burn-out relationnel envoie des signaux clairs, mais souvent minimisés par celles et ceux qui le vivent :
- Fatigue chronique ou maux de tête inexpliqués
- Sensations de “trop plein” après avoir vu certaines personnes
- Perte d’intérêt pour la relation, voire rejet instinctif
- Sentiment d’injustice, mais difficulté à l’exprimer
- Envie de s’isoler ou de “disparaître” temporairement
Ces signes sont autant de drapeaux rouges. Ils indiquent que l’équilibre émotionnel est rompu, et que la relation est devenue un facteur de stress chronique.
Que faire pour sortir de ce cycle ?
Les psys s’accordent à dire qu’il n’est pas toujours nécessaire de couper les ponts, mais qu’il faut impérativement remettre de la clarté et des limites dans la relation. Cela peut passer par :
- Nommer ce que l’on ressent, sans accuser
- Prendre de la distance temporaire pour se recentrer
- Fixer des temps de pause relationnelle
- Travailler sur ses propres schémas d’attachement avec un professionnel
Si la relation ne peut être modifiée, ou si elle continue d’épuiser malgré les efforts, il est parfois nécessaire d’y mettre fin pour préserver sa santé mentale. Comme le rappelle la psychologue Christel Petitcollin, « il ne faut pas rester dans une relation où l’on se détruit à petit feu juste parce qu’on a peur d’être seul. »
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Un sujet encore peu médiatisé
Le burn-out relationnel est encore peu abordé dans les médias traditionnels, mais il fait l’objet de plus en plus de discussions en ligne et en cabinet. Sur les réseaux sociaux, les témoignages de personnes épuisées par des relations émotionnellement exigeantes se multiplient. Et les psys alertent : nous avons besoin d’apprendre à repérer ce qui nous vide, autant que ce qui nous nourrit.
Le premier pas ? Reconnaître que ce qu’on ressent est légitime, même si cela ne “se voit pas”. S’écouter n’est pas être faible. C’est le début de la reconstruction.